
Une frégate multi-missions pour le Maroc ?
18/10/2007
Comme nous l'écrivions la semaine dernière, DCNS négocierait actuellement avec le Maroc, en vue de réaliser un nouveau bâtiment pour sa marine militaire (*). Initialement portés sur une corvette, les Marocains se seraient intéressés, récemment, à la possibilité d'acquérir une frégate. Or, selon Les Echos en date d'hier, un accord aurait été conclu entre Paris et Rabat sur l'acquisition d'une unité du type Frégate Européenne Multi-Missions (FREMM). S'il se confirme, ce projet pourrait-il faire prochainement l'objet d'une annonce officielle? La réponse, peut-être, à compter du 22 octobre, date à laquelle le président Sarkozy débute une visite d'Etat de trois jours au Maroc. En attendant, côté industriel, on se veut très prudent. Alors que DCNS ne souhaite pas commenter l'information, une source affirme que, pour le moment, « il n'y a aucune assurance » quant à la signature d'un tel contrat .
Armée par 7800 hommes, dont 150 fusiliers marins, la flotte marocaine dispose actuellement de trois petites frégates, dont deux du type français Floréal (Mohammed V et Hassan II). Construites par les Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire, elles ont été livrées en 2002 et 2003. La troisième frégate, qui est en réalité une corvette du type espagnol Descubierta (Arrahmani), est plus ancienne, puisque construite à Carthagène en 1982. C'est visiblement cette unité que le Maroc souhaiterait remplacer dans la prochaine décennie.
FREMM : France, Italie... Grèce, Maroc et Arabie Saoudite ?
Bâtiment étudié en coopération avec l'Italie, la frégate multi-missions a déjà été vendue à 10 exemplaires (8 pour la France, 2 pour l'Italie). Chaque pays doit, ultérieurement, commander des tranches optionnelles portant respectivement sur 9 et 8 frégates. Bénéficiant d'un important effet de série et du partage des coûts de production et d'études, les FREMM sont des navires très compétitifs. Par rapport à leurs homologues européens, leur prix de vente est, selon DCNS, de 20 à 30% inférieur. Outre les deux pays initiateurs du projet et, peut être, le Maroc, la Grèce s'est également montrée intéressée par le concept. Athènes, qui souhaite une version antiaérienne, la FRégate de Défense Aérienne (FREDA), pourrait commander 10 bateaux, à réaliser localement. Deux exemplaires de la FREDA sont également souhaités par la marine française, afin de remplacer à moindres coûts les frégates antiaériennes Cassard et Jean Bart (livraison entre 2017 et 2019). Enfin, l'Arabie Saoudite regarderait de près ce modèle, qui pourrait prendre la suite des trois frégates du programme Sawari II, vendues par Thales et livrées par DCNS entre 2002 et 2004.
Lorient peut prendre un nouveau contrat
Tel qu'il a été signé en novembre 2005, le contrat FREMM prévoit, pour la France, un rythme de production d'un bâtiment tous les 7 mois à compter de la seconde frégate (qui sera livrée 13 mois après la tête de série). L'outil industriel de DCNS, à Lorient, n'étant pas suffisant pour soutenir seul une telle cadence, les six blocs de la partie avant seront réalisés à l'extérieur à partir de la FREMM n°2. Dans ces conditions, le site peut-il gérer un contrat à l'export ? « Oui. L'outil industriel et les moyens humains sont définis suivant une capacité de référence mais nous avons une souplesse qui permet de répondre aux programmes à l'export. En fonction des nouveaux éléments, nous pourrons faire évoluer notre politique industrielle », assure-t-on dans le Morbihan, où l'établissement de DCNS fait vivre 2000 personnes, sans compter les fournisseurs. Comme c'est déjà le cas à partir de la FREMM n°3, le recours à la sous-traitance serait, semble-t-il, inévitable. Lorient conserverait toutefois le contrat sous sa coupe. Si une commande à l'export se confirme, sa traduction en matière de charge dépendra, également, des conclusions du livre blanc sur la défense. Les syndicats craignent, par exemple, un étalement du programme FREMM.
D'une longueur de 147 mètres pour un déplacement d'environ 5500 tonnes en charge, la frégate multi-missions dispose de 32 cellules de lancement vertical ( missiles Aster 15, Aster 30, Scalp Naval), 8 missiles antinavire, un canon de 76 mm, deux tubes lance-torpilles et un hélicoptère. La composition et la nature de l'armement peut, bien entendu, évoluer selon les demandes du client.